Quatre mots seulement, mais ils sont comme une formule magique, car ils portent en eux la propriété de déclencher immédiatement, en tout être humain, une intuition spéciale. Rarement cette intuition est de genre semblable. C’est analogue à l’effet de la musique. Exactement comme pour la musique, les quatre mots trouvent aussi leur chemin, directement jusqu’à l’esprit de l’être humain, jusqu’à son véritable «je». Naturellement, ce n’est que chez ceux dont l’esprit n’est pas tout à fait bouché et qui ont gardé leur vraie nature humaine ici sur Terre.
Chaque être humain, à ces paroles, se souvient aussitôt d’une ancienne expérience vécue. Elle se dresse vivante devant lui et, avec l’image, l’intuition correspondante aussi.
Pour l’un, ce sera une douceur remplie de nostalgie, un bonheur mélancolique, ou un désir silencieux irréalisable. Pour d’autres cependant, ce sera la fierté, la colère, l’horreur ou la haine. L’être humain pense toujours quelque chose qu’il a vécu autrefois, ce qui lui a fait une impression extraordinaire, mais qu’il croyait pourtant éteinte en lui depuis déjà longtemps.
Cependant, rien n’est éteint en lui, rien n’est perdu de ce qu’il a réellement vécu jadis en lui. Il peut encore tout considérer comme son bien propre, comme réellement acquis et ainsi, d’impérissable. Mais seulement ce qu’il a vécu! Rien d’autre ne pourra naître à ces mots.
Que l’être humain y fasse bien attention avec ses sens éveillés, il reconnaîtra bientôt ce qui est réellement vivant en lui et ce qui peut être considéré comme mort, comme une coquille sans âme de souvenirs inutiles.
Sans penser au corps, c’est seulement ce qui a laissé dans l’âme de l’être humain une empreinte assez profonde au cours de sa vie terrestre, pour qu’elle ne disparaisse pas ni ne s’efface, qui a un but et un profit pour lui. Seules de telles empreintes ont une influence sur la formation de l’âme humaine et ensuite sur la progression de l’esprit en vue de son évolution constante.
En réalité, c’est uniquement ce qui a été vécu, ce qui est devenu un bien propre qui laisse une profonde impression. Tout le reste n’est qu’un souffle qui passe à côté et est sans effet, sauf d’aider à former des événements qui sont capables de produire d’aussi grandes impressions.
Heureux celui qui peut considérer comme siens beaucoup de ces expériences pleines de force, peu importe que cela ait été la joie ou la peine qui les aient provoquées; ces impressions seront un jour le bien le plus précieux que l’âme humaine emportera avec elle dans l'au-delà.
L’activité de l’intellect purement terrestre, telle qu’elle est comprise aujourd’hui, n’est profitable bien employée qu’au bien-être terrestre corporel. En y réfléchissant rigoureusement, tel est le véritable but final de toute activité de l’intellect! En fin de compte, elle n’a jamais d’autre résultat, qu’il s’agisse de toute la sagesse des écoles, quel qu’en soit le domaine, et aussi de toutes les activités, que ce soit dans l’organisation de l’État ou dans la famille, pour chaque individu ou pour les nations et finalement pour l’humanité entière. Mais tout s’est malheureusement soumis sans réserve au seul intellect et se trouve ainsi chargé des lourdes chaînes de l’étroitesse terrestre de la faculté de compréhension, ce qui devait évidemment entraîner des conséquences néfastes dans toutes les activités et tous les événements, et en entraînera encore bien d’autres.
Il n’y a qu’une seule exception sur toute cette Terre. Cependant, ce n’est pas l’Église qui nous offre cette exception comme plus d’un pourrait le penser, et aussi comme cela devrait être, mais c’est l’art! Dans celui-ci, l’intellect joue inévitablement le second rôle. Lorsque l’intellect reprend le dessus, l’art ne devient qu’un métier; il dégringole aussitôt et s’enfonce aussi indéniablement très bas. C’est là une conséquence qui, dans sa simplicité naturelle, est inévitable. On ne saurait y trouver la moindre exception.
Il est bien évident que la même conséquence est à tirer pour tout le reste! Cela ne donne-t-il pas à réfléchir aux humains? Les écailles doivent leur tomber des yeux. Pour celui qui réfléchit ou qui compare, cela fait ressortir distinctement que partout où domine l’intellect, il ne trouvera qu’une compensation de moindre valeur! Par cela, l’être humain devrait comprendre quelle est la place de l’intellect de par sa nature, lorsque quelque chose de juste et de précieux doit être édifié.
Jusqu'à présent, seul l’art est né de l’activité de l’esprit vivant, de l’intuition. Lui seul a eu une origine et un processus évolutif naturels, donc normaux et sains. L’esprit ne s’exprime pas par l’intellect, mais au contraire par les intuitions et ne se montre que par ce qu’on appelle le «cœur». C’est justement ce que l’être humain d’aujourd’hui, démesurément orgueilleux, aime si volontiers railler et ridiculiser. Il bafoue ainsi ce qu’il y a de plus précieux en l’être humain, oui, précisément de ce qui fait de l’être humain un être humain!
L’esprit n’a rien à faire avec l’intellect. Si l’être humain veut enfin s’améliorer en tout, qu’il se souvienne des Paroles du Christ: «C’est à leurs œuvres que vous les reconnaîtrez!» L’heure est arrivée où ceci va se réaliser!
De par leur origine, seules les œuvres de l’esprit portent en elles la vie et donc la durée et la stabilité. Tout le reste doit s’effondrer sur lui-même lorsque l’époque de la floraison est passée. Dès que les fruits doivent apparaître, on s’apercevra qu’il n’y en a point.
Regardez l’histoire! Seule, l’œuvre de l’esprit, c’est-à-dire l’art, a survécu aux peuples qui se sont effondrés sous l’activité de leur intellect froid et sans vie. Leur science si élevée et si réputée n’a pu leur offrir aucun salut. Égyptiens, Juifs, Grecs, Romains suivirent ce chemin; plus tard les Espagnols et les Français et maintenant les Allemands, mais les vraies œuvres d’art leur ont tous survécu! Elles ne disparaîtront jamais. Pourtant, personne n’a vu la rigoureuse régularité des effets de ces répétitions. Aucun être humain n’a pensé à approfondir la véritable racine de ce grave mal.
Au lieu de chercher cette racine et de mettre une bonne fois un terme à cette décadence sans cesse renouvelée, on s’y est soumis aveuglément et avec des plaintes et des rancoeurs on se résigna à cette grande impossibilité de changement.
Maintenant, à la fin, l’humanité entière en est frappée. Beaucoup de misères sont déjà derrière nous, il y en a de plus graves encore qui viendront. Et une profonde douleur traverse les rangs serrés de ceux qui, dès maintenant, en sont partiellement touchés.
Pensez à tous les peuples qui durent déjà s’effondrer dès qu’ils furent arrivés au temps de leur floraison, à l’apogée de leur intellect. Les fruits qui mûrissaient de cette floraison étaient partout les mêmes! Immoralité, impudeur, débauche sous toutes sortes de formes, auxquelles vinrent inévitablement s’adjoindre la décadence et l’effondrement.
Pour chacun, la similitude absolue est très frappante. Aussi, chaque penseur doit-il trouver dans cet événement un genre et une logique tout à fait précis des Lois les plus rigoureuses.
Ces peuples ont dû reconnaître finalement l’un après l’autre que leur grandeur, leur puissance et leur magnificence n’étaient qu’une apparence maintenue seulement par la violence et la contrainte et non affermie intérieurement par la vigueur.
Ouvrez donc vos yeux au lieu de vous décourager! Regardez autour de vous, apprenez du passé, comparez-le avec les Messages qui sont venus de la Divinité, il y a des milliers d’années, vous y trouverez la racine du mal dévorant qui, à lui seul, forme l’obstacle à l’ascension de l’humanité entière.
Ce n’est que lorsque le mal aura été extirpé de façon radicale que le chemin sera ouvert pour l’ascension générale, pas plus tôt. Cette ascension sera alors continue, car elle portera en elle les éléments vivants de l’esprit, ce qui était impossible jusqu’alors.
Avant d’aller plus loin, je veux expliquer ce qu’est l’esprit, l’unique élément réellement vivant en l’être humain. L’esprit ce n’est ni la blague ni l’intellect! L’esprit n’est pas non plus l’érudition apprise. C’est par erreur qu’on dit d’un être humain qu’il est plein d’esprit parce qu’il a beaucoup étudié, beaucoup lu, beaucoup observé et qu’il sait bien tenir une conversation ou lorsqu’il brille par de bonnes idées et par la plaisanterie intellectuelle.
L’esprit est quelque chose de tout autre. Il est une constitution indépendante, venant du monde de ses affinités, qui est différent de la partie à laquelle appartient la Terre et, par conséquent, le corps. Le monde spirituel réside plus haut, il forme la partie supérieure et la plus légère de la Création. Cette partie spirituelle en l’être humain a la tâche, de par sa constitution, de retourner vers le pur-spirituel, aussitôt que toutes ses enveloppes matérielles se sont détachées d’elle. L’impulsion pour cela se déclenche à un certain degré de la maturité et la conduit vers le haut, vers ses affinités qui l’attirent.*(Voir l’Exposé 63, Je suis la Résurrection et la Vie, nul ne vient au Père que par Moi!)
L’esprit n’a rien à faire avec l’intellect terrestre, mais seulement avec la qualité que l’on désigne comme le «cœur». Plein d’esprit est donc synonyme de «plein de cœur», mais non pas plein d’intellect.
Afin de mieux faire ressortir cette différence, que l’être humain utilise alors la phrase: «Il était une fois!» Beaucoup de chercheurs y trouveront déjà un éclaircissement. Lorsqu’ils s’observent attentivement, ils peuvent reconnaître tout ce qui fut utile à leur âme au cours de la vie terrestre écoulée jusqu’à maintenant ou ce qui leur servit exclusivement à faciliter leur réussite et leur travail dans l’entourage terrestre. Donc ce qui a non seulement une valeur terrestre, mais aussi pour l’au-delà, et ce qui ne sert uniquement qu’aux objectifs terrestres sans rien valoir pour l’au-delà. L’un, il peut l’emporter avec lui de l’autre côté, mais l’autre, il le laisse en arrière à son décès, comme appartenant au monde d’ici-bas et ne pouvant donc plus lui servir à rien. Ce qu’il laisse en arrière n’est, toutefois, qu’un outil pour l’événement terrestre, un auxiliaire pour le temps de sa vie terrestre, rien d’autre.
Si un outil n’est pas utilisé comme tel, mais qu’on lui assigne un emploi beaucoup plus haut, il va de soi qu’il ne peut pas suffire à cette hauteur, il est à une mauvaise place et, conformément à la nature, cela apportera divers inconvénients qui avec le temps, entraîneront des conséquences désastreuses.
L’instrument le plus élevé c’est l’intellect terrestre qui, en tant que produit du cerveau humain, porte en lui la limitation à laquelle demeure toujours soumis tout ce qui est de matière dense physique, de par sa propre constitution. Le produit ne peut pas non plus différer de son origine. Il demeure toujours lié au genre de l’origine. De même que les œuvres qui naissent de ce produit.
Il en résulte pour l’intellect, conformément à la nature, la capacité de compréhension des plus restreintes, uniquement terrestre, étroitement liée à l’espace et au temps. Comme il provient de la matière dense, morte en elle-même et qui ne porte aucune vie propre en elle, il est, lui aussi, sans Force vivante. Cette particularité s’applique évidemment à toute action de l’intellect qui ne peut donc mettre de la vie dans ses œuvres.
Dans cet ordre naturel et inéluctable repose la clef des sombres événements qui se produisent au cours de l’existence humaine sur cette petite Terre.
Nous devons enfin apprendre à distinguer entre l’esprit et l’intellect, le vivant noyau de l’être humain et son instrument! Lorsque cet instrument est placé au-dessus du noyau vivant, comme c’est le cas à présent, il en résulte une anomalie ne pouvant porter que le germe de la mort, dès la naissance; le germe vivant, le sublime, le plus précieux s’en trouve ligaturé, lié, coupé de son indispensable activité, jusqu’à ce que, dans l’inévitable effondrement de cette construction morte, il s’élève hors des décombres, libre mais inachevé.
Au lieu de: «Il était une fois», représentons-nous la question: «Comment était-ce autrefois?» Combien l’effet est différent! On le remarque aussitôt. La première question parle à l’intuition qui se tient en liaison avec l’esprit. La deuxième, toutefois, s’adresse à l’intellect. Des images toutes différentes en surgissent. Elles sont, dès le début, restreintes, froides, dépourvues de chaleur vitale, parce que l’intellect n’a rien d’autre à donner.
Mais la plus grande faute de l’humanité est d’avoir placé, dès le début, cet intellect, qui pourtant, ne peut créer que des œuvres incomplètes et sans vie, sur un piédestal élevé et de l’avoir adoré en dansant littéralement autour. On lui donne ainsi une place qui ne devait être réservée qu’à l’esprit.
En agissant ainsi, on se met en opposition flagrante avec les Commandements du Créateur et donc avec la nature, car ces Commandements sont enracinés dans l’événement de la nature. C’est pourquoi rien ne peut mener à un but véritable mais, au contraire, tout doit échouer là où la récolte doit commencer. Il ne peut en être autrement, toutefois c’est un événement naturel, prévisible.
Ce n’est que dans la technique pure, dans toute industrie, qu’il en va autrement. Celle-ci est parvenue à une grande hauteur grâce à l’intellect et elle progressera encore bien davantage! Cela ne fait que corroborer mes dires. La technique est et demeurera toujours en toutes choses, purement terrestre, morte. Puisque l’intellect appartient à ce qui est terrestre, il peut se déployer brillamment dans la technique et produire vraiment de grandes choses. Il se tient ainsi à sa vraie place, dans sa véritable tâche! Mais là où il faut faire intervenir «la vie», où on doit tenir compte de ce qui est purement humain l’intellect, par son genre, ne suffit pas et il doit donc faire faillite dès qu’il n’est plus guidé par l’esprit! Car seul l’esprit est vie. Le succès dans un genre déterminé ne peut être obtenu que par l’activité du genre semblable. Donc jamais l’intellect terrestre ne pourra œuvrer dans l’esprit! Pour cette raison, ce fut un grave crime de cette humanité que d’avoir placé l’intellect au-dessus de la vie.
Ainsi, l’être humain détourna sa mission à l’encontre de la détermination créatrice qui était la seule naturelle; il l’intervertit pour ainsi dire, en accordant à l’intellect qui ne devait avoir que la seconde place et n’existe que sur le plan terrestre, la place suprême qui appartient à l’esprit vivant. Maintenant il est tout naturel que l’être humain soit désormais contraint de chercher péniblement de bas en haut, parce que l’intellect, placé au-dessus, empêche toute perspective plus vaste, par sa capacité limitée de compréhension, alors qu’il devrait regarder du haut vers le bas par l’esprit.
S’il veut s’éveiller, il est contraint d’abord, de déplacer les lumières. Ce qui est maintenant en haut – l’intellect – doit être mis en bas, à la place désignée par la nature et l’esprit doit être de nouveau replacé au rang suprême. Cet indispensable déplacement n’est guère facile pour l’être humain d’aujourd’hui.
Le changement de position que firent alors les êtres humains et qui se dressa si radicalement contre la Volonté du Créateur, donc contre les Lois de la nature, fut la véritable « chute dans le péché », dont les conséquences terribles ne laissent rien à désirer et entraînèrent le «péché héréditaire», parce que l’élévation de l’intellect au rang de souverain unique entraîna comme conséquence naturelle que l’entretien et l’activité unilatérale, avec le temps, renforcèrent aussi unilatéralement le cerveau, de sorte que seule la partie qui doit effectuer le travail de l’intellect se développa, alors que l’autre dut s’atrophier. C’est pourquoi cette partie, atrophiée par négligence, ne peut plus aujourd’hui agir qu’en tant que fraction du cerveau produisant des rêves vagues et demeure encore sous la forte influence de ce que l’on nomme cerveau diurne, lequel active l’intellect.
La partie de l’encéphale qui doit former le pont vers l’esprit ou plus exactement le pont de l’esprit vers tout ce qui est terrestre, est donc paralysée, la liaison est coupée ou tout au moins très relâchée; ainsi l’être humain se priva-t-il de toute activité de l’esprit et par cela aussi, la possibilité «d’animer» son intellect, de le spiritualiser et de le vivifier. Les deux parties de l’encéphale auraient dû se développer de façon complètement équilibrée par une activité commune harmonieuse, comme tout le reste du corps, avec l’esprit pour guide et l’intellect agissant ici sur Terre. Il va de soi, aussi, que toute activité du corps, de même que ce corps lui-même, ne puissent jamais être tels qu’ils le devraient. Conformément à la nature, cet événement pénètre tout parce qu’ainsi la chose principale pour tout ce qui est terrestre fait défaut!
Il est facile de comprendre comment cette ligature entraîna simultanément l’éloignement et l’indifférence du Divin. Il ne lui restait plus aucune issue.
Cela eut enfin l’inconvénient que, depuis des milliers d’années, chaque corps d’enfant présente dès sa naissance sur la Terre, en raison de l’hérédité sans cesse accrue, un cerveau antérieur, siège de l’intellect, si gros, que chaque enfant devient facilement l’esclave de son intelligence aussitôt que son cerveau a atteint sa pleine activité. Le gouffre entre les deux parties de l’encéphale est devenu si grand, le rapport de leur possibilité de travail tellement inégal que, pour la plupart des êtres humains une amélioration n’est plus possible sans une catastrophe.
L’actuel être humain d’intellect est un anormal; il lui manque tout développement de la partie principale du cerveau faisant de lui un être humain de valeur, il est atrophié depuis des milliers d’années. Chaque être humain d’intellect sans exception ne possède qu’un cerveau normal déformé. Des infirmes du cerveau dominent donc depuis des millénaires la Terre, où ils considèrent l’être humain normal comme un ennemi qu’il faut supprimer. Dans leur atrophie, ils s’imaginent accomplir beaucoup d’ouvrage, ne sachant pas que l’être humain normal peut en faire dix fois plus, qu’il exécute des œuvres qui durent, plus parfaites que ce que produit l’effort actuel! Le chemin est ouvert au chercheur vraiment sérieux pour atteindre cette capacité!
Un être humain d’intellect n’arrive plus si facilement à saisir quelque chose qui touche à l’activité de la partie atrophiée de son cerveau. Il ne le peut tout simplement pas, même s’il le voulait à cause de son étroitesse volontaire. C’est pourquoi il se moque de tout ce qui lui est inaccessible et, par suite de son atrophie cérébrale, de tout ce qu’il ne pourra jamais saisir. C’est précisément là que réside le côté le plus terrible de la malédiction de cet égarement contre nature. L’harmonieuse collaboration des deux parties du cerveau humain normal est une chose impossible pour les êtres humains d’intellect actuels, que l’on nomme matérialistes.
Être matérialiste n’est pas une louange, mais bien la preuve d’un encéphale atrophié.
Jusqu’à présent règne donc sur cette Terre un cerveau anormal qui doit amener l’effondrement de tout, car tout ce qu’il veut apporter, du fait même de son atrophie, renferme en soi et en conformité avec la nature, le manque d’harmonie et de santé dès le début.
Maintenant il n’y a plus rien à y changer, mais au contraire on doit laisser survenir tranquillement l’effondrement qui se développe naturellement. Mais alors c’est le jour de la résurrection pour l’esprit, et aussi une nouvelle vie! L’esclave de l’intellect qui manie la parole depuis des millénaires sera éliminé pour toujours! Il ne pourra jamais plus se relever, parce que l’évidence et son expérience vécue le contraindront finalement à se soumettre enfin volontairement, comme malade et spirituellement appauvri, à ce qu’il ne pouvait pas comprendre. L’occasion de se dresser contre l’esprit ne lui sera plus jamais offerte, ni par la raillerie ni sous l’apparence du droit ni par la violence ainsi qu’il en a été usé envers le Fils de Dieu et qu’Il dut combattre. En ce temps-là, il aurait été encore temps de détourner beaucoup de malheurs. Maintenant c’est trop tard, car entre-temps, la liaison qui s’est relâchée entre les deux parties de l’encéphale ne peut plus se rétablir.
Il y aura beaucoup d’êtres humains d’intellect qui voudront se moquer des explications de cet exposé; mais comme toujours, en dehors de leurs grands mots vides, ils ne pourront apporter aucune preuve contraire réellement objective. Tout chercheur et penseur sérieux pourra par là mettre à l’épreuve tout ce que je viens d’éclaircir. Ces gens ne sont tout simplement pas capables de répliquer. Considérons-les donc, dès maintenant, comme des malades qui auront bientôt besoin d’aide et... attendons tranquillement. Aucun combat et aucun acte de violence ne sont nécessaires pour forcer l’indispensable progrès; la fin arrivera d’elle-même. Là aussi, l’effet se produira par le processus naturel des Lois inviolables, inflexibles et précises de la fonction de réciprocité.
Une «nouvelle génération» doit ensuite naître, selon diverses prophéties. Celle-ci ne se composera pas seulement de naissances nouvelles douées d’un «sens nouveau», comme elles ont déjà été observées en Californie et aussi en Australie, mais surtout parmi des êtres humains déjà vivants, qui, dans un proche avenir, deviendront «voyants», grâce aux événements futurs. Ils auront alors le même «sens» que les actuels nouveau-nés. Ceci n’est rien d’autre que la faculté de se tenir dans le monde avec l’esprit ouvert, non borné, qui ne se laisse plus opprimer par l’étroitesse de l’intellect. Le péché héréditaire sera ainsi enfin effacé!
Tout ceci n’a pourtant rien à voir avec les facultés que l’on a désignées jusqu’à présent par «facultés occultes». Il s’agit alors uniquement de l’être humain normal, tel qu’il doit être! «Devenir-voyant» n’est pas la «clairvoyance», mais cela signifie: «Voir, reconnaître.»
Les êtres humains seront alors dans la situation de tout apercevoir sans être influencés, ce qui ne signifie rien d’autre que pouvoir juger. Ils voient l’être humain d’intellect tel qu’il est réellement, avec son étroitesse si dangereuse pour lui et pour son entourage, d’où sont issues en même temps la domination prétentieuse et la manie de toujours avoir raison, qui, à proprement parler, en fait partie.
Ils verront aussi, en une rigoureuse logique, comment depuis des millénaires l’humanité a souffert sous une forme ou sous une autre de ce joug et que cette plaie, tel un ennemi héréditaire, s’est toujours dressée contre l’évolution du libre esprit humain, contre le but principal de l’existence de l’être humain! Rien ne leur échappera, pas plus l’amère certitude que toutes les tribulations, toutes les souffrances, toutes les chutes devaient arriver à cause de ce mal et qu’une amélioration n’a jamais pu survenir, parce que toute reconnaissance était exclue d’emblée, par la restriction de la capacité de compréhension.
Avec ce réveil cependant aura cessé toute influence, tout pouvoir de ces êtres humains d’intellect pour tous les temps. Une époque nouvelle et meilleure se mettra alors en place pour l’humanité dans laquelle ce qui est ancien ne pourra plus se maintenir.
Ainsi, la victoire inévitable de l’esprit sur l’intellect défaillant que désirent des milliers d’êtres humains, arrive enfin. Parmi les masses induites en erreur jusqu’à présent, beaucoup reconnaîtront alors qu’ils avaient interprété l’expression «intellect» de manière complètement fausse. Sans aucun examen, la plupart acceptaient cette expression comme une idole, uniquement parce que d’autres le pratiquaient ainsi et parce que tous ses adeptes ont toujours su, par la violence et par les lois, jouer les souverains infaillibles et absolus. Voilà pourquoi beaucoup ne se donnent aucune peine pour découvrir le vide réel et les lacunes qui se dissimulent derrière leurs agissements.
Il y en a sans doute d’autres qui, depuis déjà des dizaines d’années, combattent en secret et parfois même ouvertement contre cet ennemi, avec une énergie et une conviction tenaces, qui les exposent aux pires souffrances. Mais ils combattent, sans connaître l’ennemi lui-même! Et cela rend, bien entendu, le succès difficile. Cela le rendit même impossible dès le début. Le glaive des combattants n’était pas bien aiguisé, parce qu’au cours d’événements secondaires ils l’avaient constamment ébréché. Ils frappèrent ainsi constamment à côté, dans le vide, gaspillèrent leur propre force, provoquèrent des scissions qui augmentent encore aujourd’hui.
Il n’y a, en réalité, qu’un seul ennemi de l’humanité sur toute la ligne: la domination illimitée de l’intellect jusqu’à ce jour! C’est cela qui fut la grande chute dans le péché, la plus lourde faute de l’être humain qui entraîna tout le mal avec elle. C’est cela qui devint le péché héréditaire, et c’est aussi cela qui est l’antichrist, dont il est annoncé qu’il relèvera la tête. En termes plus précis, la domination de l’intellect est son instrument, par lequel les humains tombèrent sous sa coupe, lui, l’ennemi de Dieu, l’antichrist en personne... Lucifer!*(Voir l’Exposé 90, L’antichrist)
Nous nous tenons au milieu de cette époque! Il habite, aujourd’hui en chaque être humain, prêt à le perdre, car son activité apporte aussitôt l’éloignement de Dieu comme conséquence toute naturelle. Il élimine l’esprit dès qu’il peut dominer.
Par conséquent, que l’être humain soit rigoureusement sur ses gardes.
Il ne doit pas pour autant rapetisser son intellect, mais en faire un instrument, ce qu’il est, et non pas le maître de sa volonté, son seigneur!
L’être humain de la génération future ne pourra considérer l’époque actuelle qu’avec dégoût, horreur et honte. À peu près comme cela nous arrive, lorsque nous entrons dans une ancienne chambre de torture. Là aussi, nous voyons les mauvais fruits de la froide prédomination de l’intellect. Car il est incontestable qu’un être humain avec seulement un peu de cœur et une activité de l’esprit n’aurait jamais imaginé une telle horreur! Dans l’ensemble, cela n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui, c’est seulement un peu plus fardé et les misères des masses sont les mêmes fruits pourris que la torture individuelle d’alors.
Alors lorsque l’être humain jettera un regard en arrière, il n’en finira pas de secouer la tête. Il se demandera comment il fut possible de supporter en silence ces errements durant des millénaires. La réponse lui vient d’elle-même: par la force. Où que l’on regarde, il est aisé de le reconnaître. Sans parler des époques de la sombre Antiquité, nous n’avons qu’à entrer dans les chambres de torture déjà mentionnées, qu’on peut voir encore aujourd’hui partout et dont l’utilisation n’est pas si éloignée.
Nous frémissons lorsque nous contemplons ces vieux appareils. Que de froides brutalités résident là, quelle bestialité! Il n’est guère d’être humain de l’époque actuelle qui ne doutera pas que cette ancienne façon d’agir n’ait été le pire des crimes. Envers les criminels, on exerçait un crime encore plus grand. Combien d’innocents ont été arrachés brutalement à leurs familles et à la liberté, pour être jetés dans ces caves? Que de lamentations, que de cris de douleurs expirèrent ici sur les lèvres de ceux qui étaient abandonnés là sans défense, livrés à la merci des tortionnaires! Des êtres humains durent subir des choses qui nous soulèvent d’épouvante et d’horreur. Chacun se demande, involontairement, comment il fut humainement possible que cela se soit passé à l’égard de ces êtres sans défense et encore sous des apparences de justice. D’une justice qui ne pouvait s’exercer que par la force. C’est aussi par des souffrances corporelles qu’on extorquait aux inculpés l’aveu des crimes, afin de pouvoir ensuite les assassiner en toute tranquillité. Et même si ces aveux de culpabilité avaient été obtenus par la contrainte, afin d’échapper aux épouvantables tortures corporelles, cela contentait quand même les juges, parce qu’ils en avaient besoin pour satisfaire à la «lettre» de la loi. Ces êtres humains si bornés s’imaginaient-ils réellement pouvoir se blanchir devant la Volonté divine? Se libérer de l’action inexorable de la Loi fondamentale de la fonction de réciprocité?
Ou bien tous ces êtres humains étaient le rebut des criminels les plus endurcis qui avaient l’audace de juger les autres ou bien ils montraient très distinctement la maladive étroitesse de l’intellect terrestre. Il n’y a pas de moyen terme.
D’après les Lois divines de la Création, tout dignitaire, tout juge, peu importe la fonction qu’il assume ici sur Terre, ne devrait jamais être placé sous la protection de sa fonction, mais il doit porter lui-même de façon purement personnelle et sans protection, comme tout autre être humain, la pleine responsabilité de ce qu’il fait, dans l’exercice de sa fonction. Non seulement spirituellement, mais aussi terrestrement. Alors, chacun la prendrait beaucoup plus au sérieux et avec plus de soins. Et les prétendues «erreurs» dont leurs conséquences sont à jamais irréparables ne se produiraient plus aussi facilement. Sans parler des souffrances corporelles et morales des victimes et de leurs parents.
Dans le même domaine, examinons le chapitre des procès des prétendues «sorcières»!
Quiconque a eu un jour accès aux dossiers de tels procès souhaiterait, rempli de honte, ne jamais avoir fait partie d’une telle humanité. En ce temps-là, si un être humain connaissait les herbes médicinales, soit par la pratique, soit par tradition et secourait les malades qui l’en priaient, il risquait impitoyablement la torture, dont seule la mort par le feu finissait par le délivrer, si son corps n’avait pas déjà succombé à ces cruautés.
Même la beauté physique et surtout la pudeur qui ne cédait pas pouvaient jadis motiver de tels actes.
Et, ensuite, les horreurs de l’Inquisition! Il y a relativement peu d’années qui nous séparent de cet «autrefois»!
Ce que nous ressentons aujourd’hui face à cette injustice, le peuple le ressentait de la même façon en ce temps-là, car il n’était pas aussi borné par son intellect; chez lui perçait encore, çà et là, l’intuition de l’esprit.
Ne reconnaît-on pas aujourd’hui, en tout cela, une totale étroitesse? Une irresponsable sottise?
On en parle avec supériorité et dédain, cependant au fond, il n’y a rien de changé. La prétention bornée envers ce qu’on ne comprend pas est toujours la même. Seulement, à la place de ces tortures, il y a maintenant la raillerie publique à l’égard de tout ce qu’on ne comprend pas, par sa propre étroitesse de vue. Que chacun se frappe donc la poitrine et réfléchisse sérieusement, sans se ménager en abordant ce sujet. Quiconque a la faculté de savoir quelque chose qui est inaccessible à d’autres ou même de voir avec ses yeux de matière fine, le monde de matière fine, comme un événement naturel, ce dont on ne doutera plus dans peu de temps et qu’on ne combattra plus férocement, celui-là est, dès le début considéré comme un escroc, si possible cité devant un tribunal, par les héros de l’intellect, ces êtres humains pas tout à fait normaux.
Et malheur à celui qui parle en toute naïveté de ce qu’il a vu et entendu, ne sachant pas s’en servir. Il doit vivre dans la crainte, comme les premiers chrétiens du temps de Néron, avec ses assistants toujours prêts au meurtre.
Mais, s’il possède d’autres facultés qui ne peuvent jamais être comprises des êtres humains d’intellect invétérés alors, il sera infailliblement poursuivi sans pitié, calomnié, rejeté s’il ne fait pas la volonté de chacun; si c’est possible, on le rendra «inoffensif», comme on dit si bien. Personne n’en aura de remords. Un tel être humain est, encore aujourd’hui, considéré comme hors-la-loi par tout être humain parfois intérieurement très malpropre. Plus il est borné, plus grande est l’illusion de la sagacité et le penchant à la surestimation.
On n’a rien appris de ces événements du temps passé, avec leurs tortures, leurs bûchers et leurs procès aux dossiers si ridicules. Car chacun peut encore aujourd’hui impunément souiller et insulter ce qui lui paraît extraordinaire et incompréhensible. Ce n’est pas différent de jadis.
Encore pire que la justice fut l’Inquisition qui avait son origine dans l’Église. Ici, les cris de douleur des torturés étaient couverts par des prières pieuses. C’était un outrage à la Volonté divine dans la Création! Les représentants ecclésiastiques de ce temps-là prouvèrent ainsi qu’ils n’avaient aucun pressentiment du véritable enseignement du Christ, ni de la Divinité et de sa Volonté créatrice, dont les Lois immuables reposent dans la Création et y agissent de la façon identique depuis le commencement et jusqu’à la fin de tous les jours.
Dieu donna à l’esprit humain, dans sa constitution, la libre volonté de la décision. C’est uniquement par elle qu’il peut mûrir comme il le doit, se polir et se développer pleinement. Ce n’est qu’ainsi qu’il en a la possibilité. Mais si ce libre vouloir est ligaturé, ceci est alors une entrave, sinon un violent retour en arrière. Les églises chrétiennes comme bien d’autres religions combattirent alors cette Détermination divine et s’y opposèrent avec la plus grande cruauté. Elles ont voulu contraindre les êtres humains, par le martyr et la mort, à prendre et à suivre des chemins, à faire des professions de foi qui étaient contre leur conviction et par conséquent, contre leur volonté. Ainsi, elles violèrent le Commandement divin. Non seulement cela, mais elles entravèrent les êtres humains dans la progression de leur esprit et les repoussèrent plusieurs siècles en arrière.
S’il s’y était montré, ne serait-ce qu’une étincelle de véritable intuition, donc d’esprit, rien de tel n’aurait pu ni dû se passer. Ce n’est donc que la froideur de l’intellect qui a provoqué la cruauté.
Ainsi qu’on peut le prouver par l’Histoire, combien de papes eux-mêmes ont fait jouer le poison et le poignard pour réaliser leurs désirs, leurs objectifs purement terrestres? Cela ne put exister que sous la domination de l’intellect qui, dans sa marche victorieuse, soumit tout et ne s’arrêta devant rien.
Au-dessus de tout, régnait et réside encore, selon un ordre indétournable, la Volonté d’airain de notre Créateur. Lors du passage dans l’au-delà, chaque être humain est dévêtu de la puissance terrestre et de sa protection. Son nom, sa position, tout est resté en arrière. Seule une pauvre âme humaine passe de l’autre côté, pour y recevoir, y déguster ce qu’elle sema. Nulle exception n’est possible! Son chemin la conduit à travers tous les rouages de l’absolue fonction de réciprocité de la Justice divine. Là, il n’y a aucune Église, aucun État, mais, au contraire, seulement des âmes humaines individuelles, qui ont personnellement à rendre compte pour chaque erreur qu’elles ont commise!
Quiconque agit contre la Volonté de Dieu, donc qui pèche contre la Création est soumis aux conséquences de cette transgression. Peu importe qui il est et sous quel prétexte cela fut commis. Qu’il soit un être humain individuel, ou recouvert du manteau de l’Église ou de la justice... un crime contre le corps ou contre l’âme est et demeure un crime! Rien ne peut être changé, pas même par une apparence de droit, qui n’est pas toujours le droit. Il est facile de comprendre que les lois, étant établies par les êtres humains d’intellect, doivent donc porter en elles la limitation.
Que l’on considère le droit de bien des États, notamment en Amérique centrale et du Sud. L’être humain qui, aujourd’hui, dirige le gouvernement et qui jouit de tous les honneurs peut du jour au lendemain, se retrouver en prison comme un criminel ou être exécuté si son adversaire réussit à lui arracher le pouvoir par la force. S’il ne réussit pas, c’est lui qui sera considéré comme criminel et persécuté! Et tous les services officiels servent avec empressement l’un comme l’autre. Même un voyageur à travers le monde doit souvent changer sa conscience comme de chemise, lorsqu’il passe d’un pays à l’autre, pour passer partout pour honorable. Ce qui est considéré comme un crime dans un pays est très souvent permis dans l’autre, même désiré.
Cela n’est naturellement possible que par les conquêtes de l’intellect terrestre, mais jamais là où l’intellect est maintenu à son rang naturel comme instrument de l’esprit vivant, car quiconque écoute l’esprit ne négligera jamais les Lois de Dieu. Là où celles-ci sont prises pour base, il ne peut y avoir ni défauts ni lacunes, mais seulement une harmonie unificatrice qui entraîne avec elle bonheur et paix. Les expressions de l’esprit doivent être partout et toujours les mêmes dans leurs lignes fondamentales. Jamais elles ne s’opposeront l’une à l’autre.
L’art du droit, l’art de guérir, l’art de gouverner l’État ne peuvent demeurer que des métiers défectueux, là où seul l’intellect en constitue la base, et où le spirituel fait défaut. Il ne saurait en être autrement. Et ceci, naturellement, en partant toujours de la véritable notion «d’esprit».
Le savoir est un produit, mais l’esprit est vie, dont la valeur et la force ne peuvent être mesurées qu’en fonction de son lien avec son origine spirituelle. Plus ce lien est intime, plus précieuse et plus puissante est la partie issue de l’origine. Plus ce lien est relâché, plus la partie qui en est issue, donc l’être humain, est forcément plus éloignée, étrangère, isolée et faible.
Ce sont là des évidences tellement simples que l’on ne peut pas comprendre comment les êtres d’intellect égarés passent sans cesse outre comme des aveugles. Car, ce que la racine apporte, le tronc, la fleur et le fruit le reçoivent aussi. Mais là encore, se manifeste cette désespérante étroitesse dans la compréhension. Ils se sont érigé péniblement une muraille devant eux et ne peuvent plus regarder par-dessus, encore moins à travers.
Ils font l’effet de pauvres fous malades avec leur sourire ironique, prétentieux, railleur, avec leur vanité et dédain envers ceux qui ne sont pas aussi réduits à l’esclavage qu’eux. Malgré toute la compassion, il faut les laisser dans leurs illusions parce que leur entendement borné laisse passer les faits objectifs contraires, sans les saisir. Chaque effort pour améliorer quoi que ce soit équivaudrait à la peine perdue qu’on prendrait pour procurer la santé à un corps malade en le revêtant d’un mantelet neuf et brillant.
Actuellement, le matérialisme a déjà dépassé son point culminant, et partout en faillite, il sera bientôt forcé de s’écrouler sur lui-même. Non sans entraîner dans sa chute beaucoup de bonnes choses. Les adhérents sont déjà au bout de leur pouvoir, ils seront bientôt déconcertés au sujet de leurs œuvres et d’eux-mêmes, sans apercevoir le précipice qui s’ouvre devant eux. Ils seront bientôt comme un troupeau sans pasteur, se méfiant de l’autre, chacun suivant son propre chemin et cherchant à s’élever encore fièrement au-dessus des autres, sans réfléchir profondément, suivant seulement leurs vieilles habitudes.
Avec tous les signes extérieurs de leur inanité apparente, ils finiront par tomber aveuglément dans l’abîme. Ils considèrent encore pour de l’esprit ce qui n’est que le produit de leurs propres cerveaux. Mais comment la matière morte pourrait-elle engendrer l’esprit vivant? En de nombreuses choses, ils sont fiers de leur pensée exacte, mais ils ne se font aucun scrupule de laisser des lacunes les plus impardonnables dans les choses principales.
Chaque nouveau pas, chaque tentative d’amélioration, devra toujours porter en soi la stérilité de l’œuvre de l’intellect et le germe de l’inéluctable ruine.
Tout ce que je dis ici n’est ni une prophétie ni une vague prédiction, mais la conséquence immuable de la Volonté créatrice qui vivifie tout et dont j’ai déjà expliqué les Lois dans plusieurs de mes exposés antérieurs. Celui qui suit avec moi en esprit le chemin qui se trouve clairement indiqué doit aussi embrasser du regard et reconnaître la fin inévitable. Tous les signes sont déjà là.
On se plaint, on hurle, on voit avec écœurement les excès actuels du matérialisme sous des formes à peine croyables. On implore, on prie pour la délivrance de cette torture, pour une amélioration, pour la guérison de la décadence sans freins. Le petit nombre de ceux qui ont pu se sauver de la tempête des événements incroyables, qui n’ont pas été étouffés spirituellement dans la débâcle générale à laquelle on donne, par duperie, le nom de «progrès», ceux-là se sentent comme des expulsés, des arriérés et ils sont aussi considérés comme tels et ridiculisés par les suiveurs sans âme de l’époque moderne.
Tous ceux qui ont eu le courage de ne pas se joindre aux masses, et tous ceux qui demeurèrent fièrement en arrière de cette pente abrupte et escarpée méritent une couronne de lauriers!
Il est un somnambule celui qui, aujourd’hui encore, se croirait malheureux parce qu’il est différent. Ouvrez les yeux! Ne voyez-vous donc pas que tout ce qui vous oppresse est déjà le commencement de la fin précipitée du matérialisme qui ne domine plus à présent qu’en apparence? L’édifice entier est déjà sur le point de s’effondrer, sans la participation de ceux qui en ont souffert et qui doivent encore en souffrir. L’humanité d’intellect doit désormais récolter ce qu’elle a produit, nourri, cultivé et adulé pendant des milliers d’années.
Pour le calcul humain, c’est une longue période; pour les meules auto-actives de Dieu dans la Création, c’est un court laps de temps. Où que vous regardiez, partout arrive la faillite. Tout reflue et s’amoncelle de façon menaçante, comme une lourde muraille pour bientôt se précipiter et s’effondrer, ensevelissant profondément sous elle ses adorateurs. Au moment de ce déclenchement, c’est l’inexorable Loi de l’effet de réciprocité qui doit se manifester de façon effroyable, parce que durant des milliers d’années, malgré toutes sortes d’expériences, jamais il n’y eut de changements vers le haut, au contraire le même faux chemin fut encore élargi.
Vous les découragés, le temps est là! Levez le front qu’il vous a fallu souvent baisser honteusement, lorsque l’injustice et la bêtise vous causaient une si profonde souffrance. Considérez aujourd’hui tranquillement cet adversaire qui voulait vous opprimer de bien des façons!
L’habit d’apparat est bien usé. On voit enfin la forme par tous les trous. Sans sûreté, mais encore prétentieux, l’intellect, ce produit délabré du cerveau humain, qui se faisait passer pour l’esprit... ressort sa mine pitoyable et sans compréhension.
Ôtez seulement le bandeau et regardez hardiment autour de vous. Déjà la lecture de journaux, par ailleurs assez bons, dévoile, donne à un regard éveillé toutes sortes de choses. On voit les efforts convulsifs pour se cramponner encore aux vieilles formules. Avec prétention et des plaisanteries souvent très grossières, on cherche à dissimuler l’incompréhension de plus en plus distincte. C’est avec des expressions insipides qu’un être humain prétend juger une chose, dont il est évident qu’il n’en a pas la moindre idée. Même des êtres humains pleins de bonnes qualités se réfugient, aujourd’hui, désemparés, sur ces chemins malpropres, uniquement pour ne pas avouer que tant de choses dépassent la capacité d’entendement de leur propre intellect, auquel jusqu’ici, ils se sont volontairement fiés. Ils ne ressentent pas le ridicule de leur comportement, ne voient pas les points faibles qu’ils contribuent ainsi à agrandir. Déconcertés, aveuglés, ils se tiendront bientôt devant la Vérité et regarderont tristement en arrière leur vie ratée. Ils reconnaîtront honteusement qu’il n’y avait que stupidité là où ils voyaient de la sagesse.
Où en est-on arrivé aujourd’hui? L’homme-muscle, voilà l’atout! Un chercheur sérieux qui, au cours de dizaines d’années de luttes a trouvé un sérum qui, chaque année, offre protection et secours à des centaines de milliers d’êtres humains grands et petits contre des maladies mortelles, a-t-il pu célébrer des triomphes pareils à ceux qu’on accorde à un boxeur dont la brutalité, purement terrestre et grossière, est d’abattre son prochain? Ou comme l’aviateur qui, grâce à son excellente machine, peut exécuter un grand vol avec un peu de courage, mais pas plus qu’il n’en fallait à chaque minute au combattant en guerre? On érige cela presque à une action d’État. Pourtant, y a-t-il là pour l’âme humaine un profit quelconque? C’est uniquement terrestre, entièrement terrestre, ce qui veut dire: le plus bas dans l’Œuvre entière de la Création correspondant tout à fait au veau d’or de l’activité de l’intellect, en tant que triomphe sur l’humanité bornée, de ce prince illusoire d’argile si fortement lié à la Terre.
Personne ne voit cette vertigineuse glissade vers l’horrible abîme!
Quiconque la ressent se confine encore dans le silence, avec la conscience honteuse d’être ridiculisé s’il en parle. Il y a déjà une ivresse affolée, premier indice de la connaissance de l’impuissance. Et avec le pressentiment de cette connaissance, tout se cabre encore davantage par bravade, par vanité et finalement par crainte et horreur de ce qui arrive. On ne veut, à aucun prix, penser déjà à la fin de cette grande erreur! On se cramponne convulsivement au fier édifice des millénaires écoulés, qui ressemble à la tour de Babel et qui finira aussi de la même manière!
Le matérialisme, jusqu’ici indompté, porte en lui le pressentiment de la mort qui se manifeste chaque mois plus distinctement.
Il s’agite dans de nombreuses âmes humaines, en bien des endroits et sur la Terre entière! Au-dessus de l’éclat de la Vérité, il n’y a plus que le voile léger des conceptions anciennes et fausses; le premier coup de vent d’épuration le balaiera, afin de libérer ainsi le noyau, dont la lueur s’unira à celle de tant d’autres, pour se déployer en un cône de rayonnement, qui s’élèvera tel un feu de gratitude vers le Royaume de la joie lumineuse, aux Pieds du Créateur.
Ce sera l’époque du Royaume de Mille Ans tant espéré qui se tient devant nous comme une grande étoile d’espérance, une promesse rayonnante.
Et ainsi, le grand péché de toute l’humanité contre l’esprit est enfin dénoué. Le péché qui, par l’intellect, retenait l’esprit lié sur Terre! Cela seul constitue le juste chemin du retour au naturel, le chemin de la Volonté du Créateur, qui veut que les œuvres des êtres humains soient grandes et pénétrées par des intuitions vivantes! La victoire de l’esprit sera aussi en même temps la Victoire de l’Amour le plus pur!